Sans doute que l'un des deux auteurs est plus connu que l'autre. Leurs parcours ne se ressemblent pas non plus. Dès les premières pages, on réalise aussi que les histoires n'ont rien à voir.
J'ai lu le second avant de lire le premier. La couverture m'a intrigué, je ne sais pas pourquoi. Le résumé au dos du livre m'a convaincu de l'acheter mais par simple curiosité. Le premier roman, je l'ai acheté afin de découvrir l'auteur. J'avais lu quelques temps plus tôt une interview croisée de Philippe Besson et Patrick Besson, qui ne s'aiment pas manifestement.
En lisant "En absence des hommes", j'ai repensé à l'adolescent que j'étais. Littéraire et solitaire. Un peu prétentieux par manque de confiance en soi. Pas très dégourdi et romantique. J'ai repensé aux plaisir que j'avais d'écrire des lettres à des amis. La fin du livre est prévisible si bien qu'on profite, comme le personnage principal, des bons moments.
"Saccage", c'est une toute autre histoire mais avec tout de même quelques similitudes. Le personnage principal est jeune lui aussi. Il aime les hommes lui aussi mais il aime aussi les femmes. L'un et l'autre sont séduits à un moment par des personnes plus âgées qu'eux, un homme pour l'un, une femme pour l'autre.
Ce qui est étonnant, c'est qu'Eric Jourdan ne soit pas davantage connu et reconnu. A la différence de Philippe Besson, il s'est autorisé à décrire des scènes érotiques, qui ont été censurées dans la première version. Pourtant, "Saccage" n'a rien d'un livre érotique. C'est un vrai roman, très bien écrit.
Si Jean Genet a su évoquer la sexualité entre deux hommes avec à la fois beaucoup de force et de poésie, il en est resté à l'évocation. Eric Jourdan décrit lui les choses avec beaucoup plus de réalisme, ce qui apparaît bizarrement encore plus courageux d'un point de vue littéraire car, comme cela est fort justement dit au dos du livre : "comme si l'amour physique pouvait être dissocié des pensées et des autres actes...".
